Digitalement votre l’univers de la blogueuse Samantha Tracy

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Après la première “guest” du monde associatif Rosa Haifa Melitti, allons à la rencontre d’une trépidante et fort talentueuse blogueuse qui m’a fait l’honneur de rejoindre l’édition 2017 de la contribution digitale à la Journée Internationale de la femme Africaine.

Tandan… Je vous présente Samantha Tracy et son blog morceau2vie.  Attachez bien vos ceintures chers lecteurs, parce chez  Samantha “ma congolaise bien aimée*”, on ne remue ni du nez, ni du popotin, entre le pays de la rumba et de celui de la Teranga, elle livre, délivre sans s’enivrer, et moi j’en redemande….

Mais chuttt….  Place à notre échange.

Avant toute chose, merci d’avoir accepté l’invitation à rejoindre l’équipe de la contribution digitale.  A ce propos, connaissiez-vous cette journée du 31 juillet, avant d’être contactée  ?

Ce n’est que l’année dernière que j’ai découvert la JIFA et ce, par la participation de deux amis blogueurs -Benjamin et Guillaume – à cette initiative.

A présent, dans le vif de notre entretien “découverte” de l’univers digital de mademoiselle Samantha Tracy

1/ Quand et pourquoi avez-vous commencé Morceau2vie ? A qui s’adresse ce blog ? Comment choisissez-vous les thèmes abordés ?

En 2014, ma page personnelle sur Facebook était le théâtre de mes longues revendications, de mes observations et de mes coups de gueule. J’écrivais des billets qui étaient plutôt bien accueillis. En voyant cela, une amie -Emmanuelle Bouiti – m’a parlé du blogging et m’a conseillé de me lancer. Curieuse, j’ai crée Morceau2vie sur la plateforme “Unblog”. Ce blog que je qualifie de “sans orientation fixe” s’adresse à tout le monde, sans cible particulière.

Mon objectif était d’en faire une plateforme où des sujets de société sont traités sans trop de “protocole” littéraire, un peu comme on parlerait d’un fait de société dans une rue au quartier : les onomatopées, les blagues, les fous rires, le sérieux…Je voulais que chaque personne qui passe sur le blog ait l’impression non pas de lire un essai littéraire mais simplement d’échanger avec un voisin.

Je parle de culture, de société, de politique, de mode, de football, de cinéma…Bref, ça va dans tous les sens. J’ai l’habitude de dire que j’y fait un “Kongossa assumé”, à me mêler de ce qui à priori ne me regarde pas…D’où le nom du blog : “Morceau2vie” parce que ce que je partage dans chaque billet, c’est un quotidien, un ressenti, une idée, une appréhension. Que je parle de moi ou des autres, je partage des morceaux de vies.

L’année dernière, en rejoignant MONDOBLOG, la plateforme des blogueurs francophones de RFI, j’ai changé de plateforme, mon lectorat s’est agrandi, je me suis imposé une certaine discipline mais l’esprit du blog est resté le même.

2/ Quel a été l’article le plus difficile à écrire et pourquoi ?

L’article le plus difficile que j’ai eu à écrire est sans hésitation “Sommet de la francophonie : Viens que je te raconte Tana”. Il faut savoir que dans le choix de mes sujets, je fonctionne au coup de cœur et cette fois là, j’étais assez partagée. J’avais été invitée au Sommet de la francophonie à Antananarive en tant que blogueuse et pendant tout mon séjour, j’ai vécu des moments extraordinaires dont des échanges directs avec Mme Michaelle Jean, Secrétaire générale de l’OIF et M. François Hollande, Président de la République française. 

Mais à côté, j’avais été choquée du contraste entre le vécu des malgaches et ce qu’on se plaisait à nous dire à nous, heureux participants d’un sommet qui ne profitait pas au malgache lambda. J’étais donc partagée entre le fait de raconter Antananarive qu’on m’avait montré et celui là que je voyais lorsque je quittais le village de la francophonie pour rejoindre mon hôtel.

J’ai choisi de dénoncer.

3/ Parlons un peu de votre expérience de migrante sud/sud. Vous êtes congolaise et vous vivez au Sénégal. Un mot sur la genèse de ce transfert, pourquoi ce choix, depuis combien de temps y êtes vous, et quels ont été vos premiers chocs culturels à l’arrivée ?

A l’âge de 16 ans, j’ai décroché mon baccalauréat. A cette époque, notre université nationale Marien Ngouabi n’était absolument pas une référence. Ma mère, rêvait du meilleur pour moi. Elle espérait me voir à Harvard ou même à la Sorbonne mais nous n’avions pas les moyens pour réaliser ce rêve. A force de privation, elle m’a envoyée au pays de Senghor, de Cheikh Anta Diop, au pays de la Teranga. J’y ai étudié et j’y vis à présent depuis plus de 10 ans. Et même si je critique beaucoup ce pays, je l’aime éperdument.

Le premier choc culturel est d’abord celui de la langue. Au Sénégal, le Wolof est parlé à chaque coin de rue et le français, rarement. Alors il est urgent d’apprendre les bases pour éviter de se faire escroquer. Puis il y’a eu les repas dans le même bol. Fait peu coutumier de mon Congo natal. Aujourd’hui, je suis habituée et j’aime ces moments qui riment avec partage.

Aujourd’hui, pour moi; la maison est là où DALAL AK JAMM signifie bienvenue. Click To Tweet

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4/ Fort de votre expérience, quels conseils prodigueriez-vous à une compatriote désireuse de poursuivre ses études ou de s’installer au Sénégal ? 

A une jeune sœur qui voudrait venir étudier ici au Sénégal, je serai catégorique : Senghor est mort. Je le dis avec le sourire mais aussi avec un air déçu. Quand je venais au Sénégal, on m’avait vanté le niveau intellectuel réputé de ces lions de la Téranga mais malheureusement, ici aussi, le système éducatif se meurt. L’excellence aussi. Il faudra donc travailler, se documenter et persévérer.

Vous voulez y vivre? Le pays est stable, généralement accueillant mais la vie est chère. Très chère. Par contre, si vous êtes une battante, il y’a énormément d’opportunités pour qui est prêt à retrousser les manches. Et, très souvent; ce n’est pas grâce à votre nom ou votre nationalité que vous serez retenue mais plutôt grâce à vos efforts. Ici, plus que chez moi en tout cas, on fonctionne encore au mérite. Dans tous les cas, on vous souhaitera volontiers la bienvenue.

5/ De nombreuses personnes vivant à l’étranger depuis longtemps, se décrivent comme entre deux cultures. Est-ce votre cas au Sénégal ? Avez-vous appris la langue ? Envisagez-vous de vous y établir définitivement ?

Mon éternel combat est assurément celui de la langue. Dieu sait que j’ai essayé mais je me suis retrouvée dans des situations très embarrassantes qui m’ont fait définitivement abandonner mes tentatives d’apprentissages.

Pour la petite histoire, un jour à l’école; alors qu’un ami Ibadou (Membre d’une confrérie religieuse assez stricte sur les relations hommes-femmes et la religion en générale) allait à la boutique, je l’ai interpellé du haut d’un balcon en criant “Dama la Khiff”. Le jeune homme était gêné. Moi, si fière de parler la langue locale, j’ai continué à crier ma phrase pendant 10 bonnes minutes. Erreur. En fait, j’aurais dû lui dire ” Dama khiff” pour dire “J’ai faim” et moi je criais “Dama la khiff” qui signifie littéralement “J’ai envie de toi”. Grosse erreur qui a mit un gros froid en lui et moi. Vous comprenez mieux pourquoi je suis réticente à me relancer dans le “parler wolof”. N’empêche que je comprends plutôt bien.

J’aime le Sénégal et je suis reconnaissante pour tout ce que ce pays m’apporte mais je reste très congolaise dans ma façon de vivre et d’être. Quant à finir mes jours ici? Dieu seul sait. Me concernant, je pourrais vivre partout au monde. Je ne me mets aucune barrière.

6/ Revenons à votre blog. J’ai beaucoup aimé votre texte sur la dépression. Sujet assez atypique à ma connaissance sur les blogs africains. Quel a été son impact ? Y’a t-il des sujets que vous vous interdisez de traiter dans votre blog ? Lesquels et pourquoi ?

Écrire ce texte sur la dépression a été dans un 1er temps une thérapie personnelle. J’avais un trop plein d’émotions et j’avais besoin d’en parler, de partager. Étonnement cet article a suscité plus de réactions que ce à quoi je m’attendais. Des amis m’ont écrit pour dire à quel point ils se retrouvaient dans ce texte, des inconnus aussi m’ont remerciée d’avoir touché là où il fallait, plusieurs personnes ont partagé avec moi des morceaux de leurs vies. C’est assurément un de mes articles dont je suis le plus fière.

Dans morceau2vie, aucun sujet n’est tabou. Vous verrez, en me lisant; que je peux parfois sortir du politiquement correct. J’écris avec le cœur et parfois, le cœur sort des mots pas très jolis jolis. Que je ne censure absolument pas.

7/ Dans l’idéal, si vous aviez une baguette magique, où voyez-vous votre blog l’année prochaine à la même date ?

Whaouh! La question piège :). Idéalement, j’aimerais qu’à la même date mon blog sorte du virtuel pour toucher davantage le monde réel. Je travaille sur un projet allant dans ce sens et j’espère que l’année prochaine, à la même date; je pourrai parler de cette expérience de la JIFA avec un public plus réel que virtuel. Croisons les doigts.

Merci Samantha pour cet exaltant ping pong. Si comme moi vous en voulez plus, une seule adresse et c’est par ici que cela se passe d’un clic : morceau2vie ?

*Clin d’œil à la série américaine Ma sorcière bien aimée dont l’héroïne se prénommait Samantha.

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