Docteur Denis Mukwege l’homme absolu du 31 juillet 2015

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En ouvrant l’édition 2015 de la Journée Internationale de la Femme Africaine, il ne faisait nul doute que la première pensée est allée vers le docteur Denis Mukwege. Le viol comme arme de guerre au Congo RDC fait des ravages depuis des années. Ici et là, l’on s’indigne, à gauche à droite, on envoie des casques bleus, et depuis plus de quinze ans pour les femmes de cette région du Kivu c’est l’enfer. Et au milieu de ce marasme, il y’a un espoir, un héros, cet homme absolu qui au prix de sa vie soigne à l’hôpital de Panzi, près de Bujavu, les femmes victimes de viols et de mutilations commis à grande échelle par des groupes armés qui, après des années de guerre, continuent à se disputer la région et les minerais qu’elle contient.

Depuis des années, le docteur Mukwege parcourt le monde pour alerter, il décrit le viol au Sud-Kivu comme une «véritable stratégie de guerre», une «entreprise de destruction de la structure sociale», ce que dénoncent aussi depuis longtemps les ONG. «C’est une arme de destruction massive. Non seulement cela détruit la femme qui en est victime, mais aussi sa progéniture. Soit parce qu’elle ne pourra plus avoir d’enfants, soit parce qu’elle rejettera celui qu’elle porte, issu du viol. Ces enfants-là, innocents, sont traumatisés avant même d’être nés. Une fois nés, ils risquent de tomber à leur tour dans le cycle de la violence. Ils sont une bombe à retardement.» Cette destruction systématisée de la femme, dit-il encore,«est devenue une forme de guerre moderne. Regardez comment Boko Haram, au Nigeria, et l’état islamique s’en prennent eux aussi aux femmes.»

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Depuis la création de son hôpital, plus de 50 000 patientes sont passées dans sa clinique, ce chiffre qui doit être au moment où j’écris ses lignes largement dépassé me donne le tournis autant que l’idée de l’ampleur inouïe de la tragédie en cours. Ce héros n’est pas seul, puisque d’autres médecins, des psychologues, des juristes, l’ont rejoint grâce à différentes subventions. Le docteur Mukwege ne se contente pas de soigner les corps, à ces femmes souillées, détruites, avec son équipe ils essaient de redonner un espoir, cela passe aussi parfois par l’apprentissage d’un métier. Toutes ne survivent pas, toutes ne se reconstruisent pas, mais au moins, il y’a un espoir. Et malgré les tentatives d’assassinat à son endroit, le docteur Mukwege est toujours là, et refuse de baisser les bras car ce serait “donner raison à la barbarie” Nous nous réjouissons du prix « Calouste Gulbenkian 2015 » qu’il a reçu le 20 juillet dernier, en reconnaissance d’une carrière dédiée à aider les femmes victimes de violences sexuelles en Afrique, parce que un hôpital comme le sien a grandement besoin d’argent pour accompagner toutes ses femmes. Parfois, nous pensons être impuissants, mais nous ne le sommes pas. A défaut d’être dans le feu de l’action sur le terrain, nous pouvons là où nous sommes continuer d’en parler, faire un don aussi à la mesure de nos moyens via le site de l’hôpital de Panzi.

Merci docteur Mukwege pour tout ce que vous faites pour ces femmes, nos sœurs, nos mères, nos filles…

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