Chers lecteurs, nous voilà lancés dans l’édition 2017 et sa farandoles d’interviews. Afin d’aller au bout du partage des 1001 visages, l’entretien “Digitalement votre” permet d’explorer en sept questions les contours et détours des participantes à la contribution digitale à la Journée Internationale de la femme Africaine.
En tant qu’hôtesse, il m’appartient comme à l’accoutumé d’ouvrir le bal de cette saison. Et puisque l’exercice a été amusant l’année dernière, j’ai demandé à Mawuli Douglas, Gabriella Da Silva et Kiminou Caroline d’innover en matière d’entretiens afin que je ne me répété pas, et que pour les autres membres sollicités, une certaine spontanéité demeure. Me voilà à la merci de trois jeunes filles aussi curieuses qu’espiègles. Brrh j’en ai des sueurs froides. SouRIRES !
Avant toute chose, merci de nous donner l’occasion de t’interroger, Mawuli, Gabriella et moi, on aimerait savoir si tu as déjà eu envie d’arrêter la contribution et pourquoi tu continues cette année pour la quatrième fois ?
Oui et non. Si vous le voulez bien mesdemoiselles essayons de rester dans le VOUS pour ne pas isoler les lecteurs. Okay. Hummm…. Quelle était la question déjà ? Ah oui ! Non, arrêter volontairement n’a jamais été une option. Cette contribution dépasse ma petite personne donc oui, j’ai des moments de frustration, de découragement, de colère face à certaines réalités qui me coupent le souffle. Mais la vision et le pourquoi me ramènent toujours à l’essentiel.
1/ Alors çà y’est c’est reparti sur la toile pour vous, votre site, vos blogs, tout à changé. Qu’est ce qui se passe ?
Oui et non. Oui j’ai remis mes espaces personnelles à jour. Non tout n’a pas changé. Certes j’ai modifié ma niche, mais mes domaines de compétences restent les mêmes, donc il n’y a rien de transcendant, ce n’est pas comme si je devenais charcutière, diseuse de bonne aventure ou décoratrice d’intérieur. Je passe tout simplement d’un public à un autre. De grandes entreprises axées sur les résultats quelque soit les procédés, sur la multiplication des profits et comment les augmenter, je transite vers un autre modèle économique, social et solidaire, un monde dans lequel faire du profit n’est ni un gros mot, ni une fin en soi, mais une nécessité que l’on se réjouit de réinvestir à la fois financièrement, émotionnellement et humainement.
2/ Oui mais alors on est perdu, on arrive sur votre site et on tombe sur Assosolos projet on y comprend plus rien, pourquoi ne pas juste faire la Jifa et proposer du consulting uniquement par là ?
Heu… Oui je vois ce qui peut vous troubler Mawuli. Vous m’avez découvert par le biais de la JIFA, mais c’est un projet que j’ai développé parce que j’étais en pause professionnelle forcée, donc j’avais plus de temps et c’est ce qui explique que j’ai mis les petits plats dans les grands moi même. Je suis habituée à avoir plusieurs activités en même temps et que ces dernières soient complémentaires sans toutefois être exclusives. Je ne pourrais pas ne faire que la JIFA ou en faire mon métier. Je m’ennuierais comme un rat mort. De même le projet AssoSolos n’aurait pas vu le jour sans la contribution à la JIFA, car dans le fond ce sont d’abord toutes ces femmes qui me contactaient les responsables d’associations et les petites créatrices qui m’ont inspiré ce projet. Par ailleurs, pourquoi changer de plateforme alors que j’ai un nom de domaine ? Je sais bien que çà peut en troubler plus d’un, de passer de l’univers ouvert à tous…Enfin à tous… Associations, ONG, entrepreneurs solos, et travailleurs indépendants, Freelance, etc… à un espace encore plus restreint puisque mettant à 98% en lumière les femmes africaines inspirantes.
Non franchement, cela ne me choque pas, et si cela devait être un frein pour quelqu’un c’est que dans le fond, cette personne n’a pas besoin ni d’une de mes solutions professionnelles, ni d’être inspirée par des femmes africaines.
Je refuse d’être la femme d’un seul univers, c’est barbant !
3/ Trois blogs du côté de la communication et du marketing, çà ne fait pas trop est ce que vous ne risquez pas de lasser vos lecteurs ?
Oui et non, que dire d’autre. Si ce n’était que du remplissage, ce serait lourdingue en effet. Mais là chaque espace a une fonction, un objectif. A l’exclusion des lecteurs vraiment, vraiment fidèles depuis mes débuts, personne ne va sur tous ces espaces, et ceux qui en ont besoin picorent au gré de leurs besoins. Le lecteur du boudoir créatif qui vient chercher de l’insolite, du bon plan, n’en a pratiquement jamais rien à faire des tutoriaux. Les amateurs d’outils, qui veulent faire eux-mêmes transitent parfois du blog des essais au boudoir et au blog pro mais uniquement si un lien les y renvoie, vous voyez. Le blog pro c’est vraiment du long en terme d’articles, on va en profondeur sur des thèmes qui intéressent le lectorat que je vise. Je ne cherche pas à parler à tout le monde, c’est pour çà que cette division est nécessaire, bénéfique et se gère au coup par coup.
4/ Et en plus il y’a ici sur la Jifa le blog et le site, çà ne fait pas trop pour une seule personne ?
Une fois encore c’est kif-kif bourricot si je puis me permettre. Tout est question de dosage. La contribution est saisonnière ce qui facilite les choses tout de même. Et puis l’un dans l’autre, comme c’est moi qui fixe la programmation, je ne mets jamais plus que je ne puis accomplir.
5/ Il y’a quand même une question que je veux poser depuis longtemps pourquoi la contribution est juste pour les femmes africaines pourquoi pas les femmes noires comme çà, sur le blog et le site il y’aurait même plus de sujets ? Toi même tu dis, que tu es indépendante donc tu peux faire ce que tu veux, tu n’es pas la Jifa officielle.
Non Gabriella, là on mélange un peu tout. Alors je vais procéder par ordre. D’accord, je sais bien que tu voudrais parler du Brésil et du Portugal aussi et que tu vois cette limite comme une fermeture. Pourquoi penses tu cela? Pourquoi ne pas le voir comme une opportunité d’explorer une partie de tes origines souvent oubliée ? Gabriella, il n’y a vraiment rien du Mozambique, de l’Angola que tu as envie de partager ? Okay… Je vous vois sourires toutes les trois, je sais ce que vous pensez. Et très franchement, je ne vous cache pas cela m’agace prodigieusement. Je m’explique. Oui la contribution est une démarche personnelle mais non je ne peux pas faire ce que je veux, comme de transformer un sigle tout en me raccrochant aux branches. Non… La contribution digitale n’est pas un site quelconque, il a une histoire qui commence avec Aoua Keita et qui se prolonge avec la journée internationale de la femme AFRICAINE, pas de la femme noire. Je ne comprends pas que l’Afrique soit le seul continent auquel on veut toujours raccrocher les autres. Pourquoi ? Tant pis pour les gens que cela mets mal à l’aise.
Vraiment j’aimerais les gens soient aussi véhéments, lorsque l’on accole aux femmes africaines et exclusivement à elles des vocables peu flatteurs. Là il n’y a personne pour dire, non mais pourquoi pas regrouper tout le monde ? Comme par hasard, puisque tout à coup, il n’y a majoritairement que de la valorisation et du positif cela devient un problème.
Ne baissez pas sournoisement les yeux, rassurez vous, vous n’êtes pas les seules. A chaque édition, j’ai toujours au mieux une ou deux personnes qui me proposent des noires américaines comme femmes africaines inspirantes. J’imagine que cette année, j’y aurais droit. Non, franchement je ne suis pas joueuse pour un sou, mais là je suis prête à parier ma chemise, parce que j’ai compris que pour beaucoup et vous deux Caroline et Gabriella en êtes résolument, vos imaginaires ne puisent jamais spontanément dans l’Afrique en premier lorsqu’il s’agit de choisir quoi que ce soit de positif. En même temps, comment vous en tenir rigueur ? Vous avez été nourries aux images d’une Afrique synonyme de retard, de pauvreté, de maladies, de guerres et j’en passe et des meilleurs, difficile d’oublier ces représentations vues depuis l’enfance. En même temps, je me dis que votre désir d’être là pour l’édition 2017 est bon signe.
6/ Oui mais vous n’avez pas peur de vous couper du monde comme çà même sur les réseaux sociaux ?
Heu…Comment dire ? Je vois bien que vous avez l’air sérieuses toutes les trois, et au risque de vous choquer, laissez moi dire que je ne m’adresse pas à tout le monde avec la contribution. Mon objectif ce n’est pas de faire la Une du Monde, de Libération ou du Point… Je vous vois venir avec vos gros sabots, mais je m’en tamponne le coquillard pour la JIFA. Pourquoi ? Parce que ce sont des canaux pourris pour le lectorat que je vise infine. Oui je serais prête à aller faire l’idiote dans un programme télévisé débile, à faire des challenges make-up, nappy hair et tutti quanti sur les réseaux sociaux, si je suis certaine de toucher un maximum de mon lectorat, autrement, merci mais non merci. Faire le buzz pour faire le buzz sans le transformer auprès de son public, c’est aussi idiot que d’emmener ses saucisses à Strasbourg.
Ne vous méprenez pas, certes il y’a plusieurs strates de lectrices pour lesquelles j’écris aussi, vous notamment, et je sais quels articles ont vos préférences. Mais au delà de vous, et je suis surprise que vous ne l’ayez pas compris, c’est surtout aux adolescentes africaines ou afro-descendantes où qu’elles soient que je m’adresse. C’est avec elles que j’échange sur les réseaux sociaux, c’est à elles que je n’ai de cesse de dire, c’est possible, vous avez le droit de rêver grand, regardez toutes ces femmes africaines, il y’en a forcement une qui fait aujourd’hui, ce que vous aimeriez faire plus tard et s’il n’y en a pas, alors soyez cette personne, vous pouvez, mais bien sur que vous pouvez. Après tous ces discours négatifs accolés aux mots femme et Afrique, il faudra répéter encore, encore et encore, montrer encore plus de femmes pour que cela devienne une normalité, aujourd’hui ce n’est pas le cas. Et NON je n’ai pas peur de me couper du monde, si cela doit permettre justement à ces jeunes filles de faire partie du monde, le dos droit, la tète haute et le mental blindé de ressources historiques, familiales et sociétales autres que celles qui sont toujours valorisés en premier.
7/ On a gardé cette question parce qu’elle est trop bien. Dans l’idéal si vous aviez une baguette magique où voyez-vous AssoSolos et la Jifa l’année prochaine à la même date ?
AssoSolos en tant que projet sera terminé depuis longtemps. Donc j’aurais trouvé le moyen d’aider ma niche via des formations en personne, ou des produits digitaux ” téléchargeables” en payant. En collaboration avec des associations, on a lancé AssoSolos location. Pour la JIFA, ce sont les 5 ans donc en principe, comme j’aurais commencé à préparer bien plus tôt, je devrais être dans un pays africain où le partenaire le plus séduisant aura accepté d’accueillir cet anniversaire, il y’aura un numéro spécial avec un journal retraçant cette aventure qui sera disponible à l’achat sur le site, et les gagnantes des loteries et du prix Aoua Keita-Madieta nous ferons un retour sur expérience, bref, toujours plus de suspens.
Ouf ! Elles sont formidables mais uniquement prise individuellement chacune de leur côté. SouRIRES !
Comme promis mesdemoiselles Mawuli, Caroline et Gabriella, la retranscription est publiée in extenso. Vous avez été de charmantes chipies. Merci à toutes les trois de votre fidélité ! Quand à vous lecteurs adorés, si vous allez jusqu’au bout de cet entretien s’en y avoir été contraints, je vous tire mon chapeau... Smiles !
Entrepreneure sociale et solidaire avec @assosolos en qualité de guide en marketing & communication pour solopreneurs & associations. Chez moi, violon d’Ingres et engagements forment un couple parfait notamment dans ce quatuor : Coordinatrice de la contribution digitale à la JIFA @www.journeefemmeafricaine.com, lectrice compulsive avec le comité @Festivalpremierromanchambery, citoyenne engagée avec le conseil de quartier @Democratieparticipativechambery et membre de la communauté web de Savoie @chambéCarnet. Pour m’écrire formulaire de contact ou grace.bailhache@gmail.com