Après les rois de carreau et de trèfle, je vous demande chers lecteurs adorés de réserver le meilleur accueil à Elgas jeune auteur sénégalais, sur la tête duquel je pose virtuellement la couronne de roi de pique. Heu… Non, pas de couronne d’épines pour Elgas. SouRIRES ! Et il n’y a pas de contrepèterie derrière cet aparté douteux qui se veut drôle.
Plus sérieusement, les plus fidèles d’entre vous sont familiers de la rubrique des hommes du 31 juillet créée en même temps que le site de la contribution digitale à la Journée Internationale de la Femme Africaine. En un mot, mon idée était de distinguer quelques représentants de la gent masculine dont les créations, approches ou initiatives concernent les femmes africaines et apportent une plus-value. Ainsi, tandis que les participantes à l’édition 2017 ont été invitées à choisir des reines de cœur, je pose symboliquement quelques couronnes masculines au gré de mes délires disent les uns, en réponse aux élans de mon cœur soupirent les plus romantiques, mue par la concupiscence hurlent in petto les plus courageux… SIC !
Si je me réjouis de la nouvelle formule proposée par Mawuli Douglas pour donner de l’allant aux articles consacrés aux hommes du 31 juillet 2017, je trouve navrant que les premières réactions concernant Ibuka Njoli et Sabourin Bolewa ne soient concentrées que sur leurs apparences ! ReSIC ! A toutes fins utiles, je rappelle aux visiteurs que les commentaires du blog sont modérés, et que seules les interventions en lien avec le fond du texte ou apportant un plus sont publiées. CQFD !
La mise au point étant faite, place au roi de pique Elgas !
Qui est-il ? comme pour les précédents rois de la série, je ne me suis pas intéressée au catalogue d’éléments biographiques que les journalistes vous servent presque à l’identique. Dans le cas du roi de pique cela donnerait peu ou prou ceci : El Hadj Souleymane Gassama dit Elgas est journaliste et doctorant à l’université de Caen en Normandie. Né en 1988 à Saint-Louis du Sénégal, il a grandi à Ziguinchor. Diplômé de communication et de sciences politiques, publié aux éditions Présence africaine en 2015, Un Dieu et des mœurs carnet de voyage est son premier livre. Voilà, tout semble dit de la manière la plus rébarbative possible. C’est la raison pour laquelle, n’en déplaise à la voluptueuse ghanéenne Mawuli, je préfère m’en tenir à “ce que j’ai retenu de lui” qui me laisse la liberté de la subjectivité, celle par exemple de penser que les présentations d’Elgas par lui-même sont les plus engageantes, pittoresques et mémorables. Trois exemples : le laconique “Ecriveur, journaliste et apprenti sociologue”, puis la brève présentation illustrant la partie biographie des contributeurs d’un site participatif “Elgas est journaliste et chercheur. Il s’est baladé dans quelques universités françaises sans grande passion. Il fait actuellement une thèse sur le «Don en Afrique». Il s’ennuie du sérieux des ambitieux mais reste sensible au talent, celui des autres. Et il écrit.” Et enfin, avec sa biographie non officielle autorisée par sa femme, c’est “Lucullus chez Lucullus”, Elgas s’offre le luxe d’un pastiche mâtiné de caricature (?) dans lequel il s’égratigne avec une délectation toute Sadienne.
Voilà ce que je retiens de lui : c’est un sénégalais féru de culture à tous les sens du terme, iconoclaste assumant ses contradictions, blogueur économe, peu d’articles et pour cause, ils requièrent plus que du temps de cerveau disponible. Smiles ! C’est aussi un journaliste éclectique obsédé par la nécessité de dire l’Afrique telle qu’elle est sans la maquiller, la rêver ou la sublimer. C’est aussi un sociologue qui interroge la notion du don en Afrique, objet d’une thèse qu’il devrait soutenir incessamment sous peu ? Enfin c’est un joyeux drille qui savait noyer son trop plein de réalisme dans un océan de franche rigolade avec les troublions du P’tit railleur sénégalais ou les complices de Confluences.
Comment l’ai-je découvert ? C’est d’abord le chemin du journaliste que j’ai croisé grâce à ma veille sur certains mots clés, en l’espèce, il s’agissait d’enfants de la rue et d’adolescentes prostituées. Intriguée par son reportage sur le travail de l’association ASI à Pointe Noire au Congo, j’ai fais quelques recherches, qui m’ont conduite ici et là, vers quelques textes publiés sur l’Afrique des idées, ou Ajonews, et, vers les épisodes truculents de Confluences un rendez-vous impertinent mené tambour battant avec une bande de gais lurons sénégalais. C’est donc avec un certain sentiment de “déjà vu ou déjà entendu” que j’ai fais le lien entre Elgas l’auteur de Un dieu et des mœurs et Souleymane Gassama le journaliste.
Pourquoi Elgas est-il le roi de pique de l’édition 2017 de la JIFA ?
Pour deux raisons. La première tient à ce qu’il m’a ouvert les yeux sur de possibles exceptions à ce que je nomme la pitié dangereuse des associations et autres organismes de charité étrangers intervenants sur le continent Africain. Avec son reportage sur l’ONG ASI, j’ai pu l’espace d’un moment m’immerger au cœur de la maison de la Renaissance, et, découvrir une fois n’est pas coutume, que le responsable de ce programme pratique une solidarité véritable, celle qui accompagne vers l’autonomie. J’en parle assez longuement dans cet article.
Le second motif se trouve dans Un dieu et des mœurs publié chez Présence Africaine en 2015, une sorte d’OLNI “objet littéraire non identifié” qui mêle avec brio, documentaire, fiction, pamphlet et essai. Certes dans ce récit d’un voyage au Sénégal, la part de fiction est mince, tous les personnages et les faits sont inspirés du réel et l’auteur le revendique sans détour. Un dieu et des mœurs est à mes yeux une lettre d’amour trempée dans l’acide de la douleur, dans l’urgence de dire, dans la nécessité de comprendre, de discuter pour changer une réalité rendue insupportable par la distance. En ouvrant son récit par un souvenir d’enfance, Elgas révèle qu’au fond ses interrogations ne sont pas nées à l’étranger, ces questions le taraudaient depuis longtemps, que seule la perspective d’ouvrir des débats au Sénégal a présidé à l’écriture de ce carnet. Elgas n’est pas plus féministe que je ne suis “bonne sœur”, et pourtant il a su mieux que quiconque me parler de l’excision, à hauteur d’enfant qui se souvient d’ombres de vieilles dames, de silhouettes longeant les maisons du village, de compagnes de jeux disparaissant pour être soumises à un rite de passage, de cris étouffés au loin, et que l’écho propulsait comme un chœur antique, souvenir de mares de sang, du retour desdites fillettes portant dans le regard un je-ne-sais-quoi de brisé. La candeur du garçon d’une dizaine d’année n’a d’égale, que la fureur de l’adulte qui ne comprend pas, que se perpétue dans l’indifférence générale, au nom de la tradition et de la religion des actions qui ne génèrent ni bien être personnel ou spirituel, ni prospérité collective. Tous ces portraits de femmes laissent un goût amer, révélateurs qu’ils sont, de ce qu’entre le marteau de la tradition et l’enclume de la religion, ces femmes voguent irrévocablement de Charybde en Sylla.
Elgas est le roi de pique parce qu’il accuse en donnant une voix, un visage à celles qui de guerre lasse ont renoncé convaincues qu’il en a toujours été ainsi et qu’il en sera toujours ainsi. Les débats que l’auteur appelait de ses vœux se font attendre, sauf erreur de ma part, ni la vieille garde occupée à consolider son pré carré, ni la mouvance en marche toute entière préoccupée par le fait de penser l’Afrique ne semble prêtes à échanger ? En même temps, l’on peut se demander si le roi de pique ne devrait pas s’intéresser davantage à ceux qui sont l’avenir du Sénégal ? Pourquoi ne pas porter une attention particulière aux petits Souleymane et aux petites Fatou, qui d’un coin à l’autre du pays sentent que quelque chose ne tournent pas rond, sans pouvoir l’exprimer ? A mes yeux “le pique” est un symbole de résistance active, c’est la raison pour laquelle je l’ai choisi pour accompagner la couronne de Souleymane Gassama dit Elgas.
Une phrase à retenir de lui ?
On ne soupçonne que très peu la providence qu’assure la misère. Click To TweetAurais-je évoqué Elgas sur une plateforme dont la ligne éditoriale ne concernerait pas les femmes africaines ? Non, parce qu’il est résolument orienté vers le Sénégal, que je ne connais pas.
Où trouver Elgas ?
Le site/blog => www.elgas.fr
Le reportage => Pointe Noire ASI 2015
Le récit de voyage => Présence Africaine
Les jeux sont faits, rien ne va plus. A vous la parole lecteurs adorés. Connaissez-vous le roi de pique? Ce choix vous semble t-il pertinent ? Que vous inspire sa démarche ? Que diriez-vous de poursuivre la conversation dans les commentaires ?
Un bonheur n’arrivant jamais seul, vous pouvez désormais accéder à tous les articles consacrés au roi de pique sur sa page dédiée : Elgas
Entrepreneure sociale et solidaire avec @assosolos en qualité de guide en marketing & communication pour solopreneurs & associations. Chez moi, violon d’Ingres et engagements forment un couple parfait notamment dans ce quatuor : Coordinatrice de la contribution digitale à la JIFA @www.journeefemmeafricaine.com, lectrice compulsive avec le comité @Festivalpremierromanchambery, citoyenne engagée avec le conseil de quartier @Democratieparticipativechambery et membre de la communauté web de Savoie @chambéCarnet. Pour m’écrire formulaire de contact ou grace.bailhache@gmail.com