Toujours dans la lignée des articles écrits dans le cadre de la journée de la femme africaine en 2014, le texte que je reproduis ici a été publié sur “Express yourself” la plateforme communautaire de l’Express le 31 juillet 2014. Attendu qu’il n’est plus en ligne, Google ne risque pas de prendre ombrage d’une seconde publication ici. Ce récit est une forme romancée de différents échanges que j’ai eu dans mon entourage, lorsque j’ai partagé mon engouement pour cette journée. J’ai choisi de les condenser en un dialogue conjugal placé sous le signe de l’humour.
La journée de la femme africaine le 31 juillet, tu rigoles j’espère ? C’est par cette réplique des plus spontanés qu’à commencer notre petite prise de bec. Excédée de me voir alterner entre les fourneaux et la table de montage, “chéri coco”, c’est son petit nom domestique brave l’interdit suprême, et regarde par dessus mon épaule.
Tu as bientôt fini, j’ai un truc hyper drôle à te raconter et tu devineras jamais mais jamais qui j’ai rencontré hurle t-il de la cuisine. Sa voix se perd entre les claquements de placards, du frigo et tout le vent que “chéri coco” aime à brasser dès qu’il en a marre de son jeu, qu’il a lu l’équipe jusqu’à la dernière ligne et qu’il a fait le tour des statuts inspirés de Rihanna sur Facebook. C’est dans ces moments là, que son temps de cerveau disponible prend des libertés pour me taquiner. Sauf que là, je ne suis pas devant l’ordinateur pour faire mumuse moi, je dois absolument finir le montage pour la fameuse journée de la femme africaine, et voilà que le portable aussi fait des siennes. Impossible d’aller plus vite que la musique, quand çà rame, il faut attendre.
C’est le moment que choisit “chéri coco” pour surenchérir de plus belle : non mais c’est carrément bizarre de créer une journée de la femme africaine un 31 juillet, c’est l’été tout le monde est en vacances, t’es d’accord avec moi. Je fais mine de ne rien entendre, j’ai déjà répondu à cette question, et ne suis vraiment pas d’humeur à jouer les perroquets.
Qui ne dit mot consent pense “chéri coco” qui poursuit gaillardement sur un ton goguenard : et puis quelle drôle d’idée de lancer une nouvelle journée de gonzesse comme si on en faisait pas déjà assez à la Saint-Valentin, pour le 8 mars, pour la fête des mères, et même les grand-mères en leur fête. Et nous alors ?
Ma surdité se fait encore plus vive, la première partie du montage est chargé à 40 pour cent, je ne suis pas tirée d’affaire, je refuse cependant de me laisser distraire. C’est sans compter sur la détermination enfantine de mon homme qui continue de plus belle : et puis franchement depuis le temps qu’on est ensemble si tu avais une journée de la femme africaine je m’en serais rendu compte. Perdu pour perdu, mon regard fixe sur l’ordinateur ne le fera pas aller plus vite. Il est temps de répondre à “chéri coco” : Je croyais te l’avoir déjà dit, nous n’avons rien inventé du tout, cette journée existe depuis 1962.
A présent que je remarque son œil qui frise, je sais que ce garnement cherche à me voir monter sur mes grands chevaux, mais ce sera pour une autre fois. Pour calmer ses ardeurs bretteuses, je lui fais le coup de la conférence ennuyeuse, en général il ne tient pas plus de 5 minutes. Prenant mon air le plus professoral, et sa tablette, je déballe avec enthousiasme à grand renfort d’images illustratives sur le web, tout ce que j’ai appris sur Aoua Keita la malienne à l’initiative de cette journée. “chéri coco” ouvre de grands yeux en découvrant sur le site malien que je visite à quel point si sa journée a quelque peu été oubliée hors du continent, l’ancienne sage femme malienne fait mentir l’adage qui veut que l’on ne soit pas prophète en son pays. Cette fresque à son effigie en plein de cœur de Bamako sera ma première escale lorsque je m’y rendrais.
O miracle, la première partie du montage est enfin prête. Nous la regardons ensemble, “chéri coco” adore, il réalise enfin qu’il ne s’agit pas d’une impulsion irraisonné mais d’un véritable projet qui me tient à cœur. J’ai travaillé jusqu’à tomber de sommeil.
Réveil en sursaut…Nous sommes le 31 juillet et il faut encore télécharger tout cela sur You Tube. Je peste un peu contre moi même, sortir de sa zone de confort c’est bien joli en théorie, mais Ah, je m’en souviendrais Aoua de mon coup de cœur pour ta journée, voilà où çà me mène de faire les choses à la dernière minute, alors que je déteste çà. Oui je sais Aoua, tu ne m’as rien demandé, c’est moi qui suis dans ma dynamique sortir de ma zone de confort. Voilà que je parle à mes fantômes. Il faut arrêter tout cela, méditer quelques instants, ouvrir les volets et saluer le soleil.
Vive Aoua Keita, vive ma première journée de la femme africaine !
Entrepreneure sociale et solidaire avec @assosolos en qualité de guide en marketing & communication pour solopreneurs & associations. Chez moi, violon d’Ingres et engagements forment un couple parfait notamment dans ce quatuor : Coordinatrice de la contribution digitale à la JIFA @www.journeefemmeafricaine.com, lectrice compulsive avec le comité @Festivalpremierromanchambery, citoyenne engagée avec le conseil de quartier @Democratieparticipativechambery et membre de la communauté web de Savoie @chambéCarnet. Pour m’écrire formulaire de contact ou grace.bailhache@gmail.com