Deux discrètes se font suite sur la contribution digitale à la Journée Internationale de la femme Africaine. Ainsi après les femmes inspirantes du docteur Rosa Haifa Melitti, voici les égéries de notre benjamine, la blogueuse et entrepreneuse sociale Tchonté Silué.
Choisir une reine de cœur et une muse africaine participent du désir d’une nouvelle narration de la diversité et des singularités de la femme africaine. Ici nos lauriers sont ceux de l’émulation, de la célébration des talents qui nous inspirent et que nous invitons d’autres à aller découvrir à leur tour.
C’est un plaisir de vous retrouver autour d’un échange placé sous le sceau de l’émulation, puisque vous tresserez des lauriers à une muse et placerez une couronne sur la tête de votre reine de cœur.
Mais avant parlons un peu de vous.
1/ Tchonté Silué … Quelles sont vos racines africaines ? Votre nom a t-il une signification ?
Je suis Ivoirienne et je fais partie du peuple Nafara du grand groupe Sénoufo. Les Sénoufo occupent le nord de la Côte d’Ivoire mais sont aussi présents au Mali et au Burkina Faso. J’ai en fait deux prénoms Nafara. Tchonté Pitin. Pitin est le nom de ma grand-mère paternelle et signifie petit enfant. Tchonté est le nom du père de Pitin. Alors mon père m’a donné les deux pour que lorsqu’on demande de quelle Pitin il s’agit on dira Pitin de Tchonté. J’avoue que j’aime beaucoup l’histoire derrière…
2/ A l’exclusion de la Côte d’Ivoire votre pays d’origine, quel(s) pays africain(s) avez-vous visité ? Quels points communs et différences vous ont le plus frappé ?
J’ai eu l’occasion de visiter le Ghana et le Sénégal. J’espère connaitre beaucoup d’autres pays Africains plus tard. Au Ghana j’ai été surprise par certaines habitudes culinaires comme lorsqu’on m’a servi des morceaux d’igname bouillie avec de la sauce arachide alors qu’ici on aurait pilé l’igname pour en faire du foutou. C’était aussi la première fois que je mangeais du gari avec de l’alloco (bananes frites) et des haricots, que j’ai beaucoup aimé. Les moyens de transport au Sénégal et au Ghana sont pratiquement les mêmes que ceux qu’on retrouve en Côte d’Ivoire: les taxis et les minicars rapides dont les chauffeurs conduisent dangereusement. A Dakar il y avait également des charrettes tirées par des chevaux en pleine ville. Un spectacle inhabituel pour l’Abidjanaise que je suis. Au Sénégal j’ai ressenti un fort esprit panafricaniste. Certes on essaie de vous rouler un peu plus sur les prix quand on sait que vous êtes étrangers (ce qui se fait partout) mais par exemple, les Africains paient tous le même tarif que le Sénégalais dans les endroits touristiques. La place du souvenir et le Monument de la Renaissance sont des exemples d’endroits qui mettent en valeur l’histoire de tous les Africains.
3/ L’adage ou le proverbe africain qui vous définit le mieux en terme de caractère ou de valeurs
“”Tant que les lions n’auront pas leur propre histoire, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur”
C’est un proverbe mis en avant par l’écrivain Chinua Achebe. Je pense qu’il me définit le mieux parce qu’il me donne envie de donner mon point de vue, d’élever ma voix pour raconter mon histoire mais aussi pour agir pour les miens.
4/ Nous y voilà à la première ELLE. Présentez-moi votre reine de cœur. Qui est cette femme digitale africaine que vous admirez, que vous pourriez interviewer, avec laquelle vous aimeriez collaborer ou tout simplement échanger autour d’un verre ?
Yehni Djidji. On a déjà eu plus d’une fois l’occasion d’échanger mais c’est la première personne qui me vient à l’esprit, surtout dans le domaine du blogging et de l’engagement littéraire. J’aurais aussi bien pu la choisir comme muse parce que son parcours m’a beaucoup inspirée. J’ai commencé à bloguer après avoir lu les nouvelles qu’elle publiait sur son premier blog http://yehnidjidji.blogspot.com/. Elle est également l’initiatrice d’un événement littéraire qui a lieu tous les deux mois et fondatrice d’une agence littéraire du même nom: Livresque. Son engagement dans ce qui la passionne m’a motivée à moi aussi m’investir pour la cause du livre. Son blog actuel est http://www.yehnidjidji.com/
5/ Et enfin, place à la muse, cette femme africaine connue qui a un moment ou un autre de votre parcours vous a inspiré. Qui est-elle ? Que fait-elle ? En somme, pourquoi elle ?
Aujourd’hui ça doit sans doute faire cliché de la choisir comme muse mais je dirais Chimamanda Ngozi Adichie. Chimamanda est une écrivaine Nigériane auteur de plusieurs livres dont “Americanah”. Je l’ai découverte à travers ses deux Ted talks “The danger of a single story” et “we should all be feminist”. C’est l’une des personnes qui m’a donné envie de mieux connaître ma culture et de la mettre en valeur. J’aime sa plume parce qu’elle nous amène à réfléchir au delà des clichés sur l’Afrique en général et sur la femme Africaine en particulier. J’aime la touche igbo qu’elle rajoute à ses textes comme son modèle Chinua Achebe. Et enfin j’aime son franc parler et ses prises de position fermes peu importe que je sois d’accord ou non avec ce qu’elle défend. Elle m’inspire à être vraie et à faire ce que je veux pour moi et non pour me conformer à ce que certains établissent comme “normes”. Ah et j’ai déjà dit qu’elle écrit superbement bien? Sa plume est magnifique!
Une conclusion d’un enthousiasme renversant. Merci Tchonté pour ce délicieux moment qui m’offre de belles retrouvailles avec Chimamanda et Yehni. Quel régal de voyager même quelques secondes en pays Sénoufo, au Sénégal et au Ghana à travers ce regard espiègle.
Que dites vous de tout cela chers lecteurs adorés ? Qu’avez-vous découvert ? Qu’aimeriez-vous ajouter pour nous enrichir ? Les commentaires sont à votre disposition pour échanger.
Entrepreneure sociale et solidaire avec @assosolos en qualité de guide en marketing & communication pour solopreneurs & associations. Chez moi, violon d’Ingres et engagements forment un couple parfait notamment dans ce quatuor : Coordinatrice de la contribution digitale à la JIFA @www.journeefemmeafricaine.com, lectrice compulsive avec le comité @Festivalpremierromanchambery, citoyenne engagée avec le conseil de quartier @Democratieparticipativechambery et membre de la communauté web de Savoie @chambéCarnet. Pour m’écrire formulaire de contact ou grace.bailhache@gmail.com