Fidèle au rituel qui permet de mettre en lumière les voix africaines féminines, dont certaines se retrouveront dans la compilation 2017 de la contribution digitale à la Journée Internationale de la femme Africaine, comme pour tous les entretiens, c’est bibi qui s’y colle, et pour me cuisiner autour de la musique avant le lancement de la playlist le 21 juin, c’est Mawuli Douglas qui tient les rênes. Pour ceux qui nous rejoignent, cette jeune ghanéenne nous a bien aidé l’année dernière. Je vous laisse la découvrir à travers sa page. En attendant je lui cède la place, c’est la spécialiste de ces petites causeries inédites.
Avant de plonger dans votre univers musical féminin, je ne peux pas vous poser la même question que pour tous les autres, puisque c’est vous qui avez le “final cut” de la compilation. Pour la playlist 2016 quelle chanson, quelle voix tu voudrais remettre encore en 2017 ?
Sans hésitation, Kounandi de Rokia Traoré. C’est vraiment la surprise du chef comme disent les cuistots. Pourquoi ? Parce à la base, cette chanteuse n ‘est absolument pas ma tasse de thé. Et contre toute attente, il ne se passe pas une semaine sans que je ne l’écoute, je l’ai ajouté à quelques routines de sorties de méditations ou de réveils, c’est une merveille.
C’est parti pour une invitation à découvrir de nouvelles voix africaines ou simplement le plaisir de les réentendre.
1/ Avez-vous un air de votre enfance ou de votre adolescence qui fait rejaillir des souvenirs ?
Hummmm….Mouais…. C’est assez bizarre, parce que je ne me souviens ni de son nom de famille, ni du titre de la chanson. J’ai quelques flashs. Un prénom Michaelle, quelques couplets, des images d’une adolescente virevoltante, surtout d’un duo père et fille qui me renvoyait au notre. D’ailleurs c’est amusant, parce que vous me ramenez à la plus belle période de ma vie, celle où j’ai eu mon père pour moi toute seule pendant quelques mois. Nous en avons sourit… Et puis c’est tout. Vous l’avez trouvé ? …Oui c’est bien çà Pierre Moutouari et sa fille Michaelle. Si je danse encore le “Muyirka” ? La question n’est pas la bonne. Je ne l’ai jamais dansé, cela ne m’intéressait pas. J’étais dans ma période grande conversation autour de nos lectures avec mon paternel, rien d’autre ne m’intéressait. Seule la projection narcissique de leur duo avait temporairement attiré mon attention. Une fois l’engouement de l’effet miroir passé, je m’en suis désintéressée jusqu’à aujourd’hui. Non, ben non je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, puisque je viens de dire que je n’ai plus suivi du tout après cette chanson.
2/ Si vous pouviez jouer d’un instrument de musique, lequel auriez-vous choisi. Pourquoi ?
J’ai souvent fantasmé sur le fait de jouer d’un instrument. La guitare et le luth restent des fantasmes absolus parce que je n’ai jamais fais aucune action dans ce sens, et chez moi c’est signe de fantaisie. A une exception près. Le ngoma ou tambour en français, je trouve qu’il perd de sa superbe en français. Le tambour c’est plat, commun, tandis qu’un Ngoma c’est massif, puissant, inoubliable. J’ai toujours aimé les tambours de Brazza, je trouve le travail d’Emile Biayenda remarquable, justement je rêvais d’y voir une femme traînant son tambour au milieu de tous ces hommes. J’ai expérimenté le jeu avec un tout petit Ngoma aux cotés d’une pré-adolescente que son père entraînait au centre Sony Labou Tansi. J’en garde un souvenir exaltant, et c’est sans doute le seul instrument pour lequel je pourrais retenter le coup. Trop tard Mawuli ? Seriously ? Venant de toi, c’est une remarque surprenante. Ce genre de pensée limitante ne me concerne pas. Il n’y a pas de trop tard chez moi, tant que j’ai la santé, si j’ai envie d’apprendre à jouer du Ngoma à 80 ans, qui va m’en empêcher ?
3/ Quelle chanson vous touche par ses paroles ? De quoi parle t-elle en quelques mots ?
Les deux seules que j’aurais aimé écrire l’ont été par le poète Simaro of course, et interprétée par deux hommes aux voix envoûtantes, je parle de Makolo ya masiya et Testament ya bowulé. En creusant un peu, je pense au Koba de Mpongo Love que j’ai déjà proposé l’année dernière. En fait, il y’a bien Eswi yo wapi. Comment traduire cette expression? Forcement de manière imparfaite, je ne suis pas lingalophone. La traduction littérale, mot à mot en français donnerait “où çà te fait mal” que l’on peut adapté en “qu’est ce que çà bien te faire ? En quoi çà te regarde, de quoi tu te mêles ? ou mieux encore çà te chatouille ou çà te grattouille ? SouRIRES. Plus sérieusement, je peux essayer de traduire une partie plutôt que de l’expliquer. Pour le time stamp le refrain commence à 03:08.
Oyebisi na bato te ngai nabala te eswi yo wapi tu dis aux gens que je ne suis pas mariée, en quoi çà te concerne ?
ozali koloba te yo sukola ngai epayi wapi tu dis à qui veut l’entendre que tu m’as sorti du ruisseau, lequel exactement ?
ozwa ngai wapi olula ngai ndenge nini comment m’as tu accueillis ? m’as-tu seulement admiré?
obala ngai ntina eh opesi ngai nini Pourquoi m’as tu épousé ? Que m’as tu offert?
oyoki ngai na moto oye ko deranger na ntina nini Pourquoi çà te dérange de savoir que je suis avec quelqu’un d’autre?
nalata nabonga obeli nde liboma ya ntina nini Pourquoi çà t’énerve que je prenne soin de moi en m’habillant avec elegance ?
O tokomi wapi eh mabe na ngai otinde wapi Quel degré avons nous atteint… qu’as tu fais de ma douleur ?
ntango nazalaki kolela sentiment otiaki wapi Où étais tes grands sentiments quand j’étais malade ?
etc, etc,
4/ Imaginons l’espace d’un instant que vous avez une voix sublime, vous êtes invitée à ouvrir une cérémonie officielle de votre pays : quelle chanson choisissez vous ? Pourquoi ?
Qu’est ce que c’est cette question à la mords-moi-le-nœud Mawuli ? C’est typiquement tout ce que je fuis comme la peste, ce genre d’événement. Grhhh ! Mais non, ce n’est pas parce que je râle que je refuse. Allez, jouons le jeu. Tant qu’à faire, autant y aller franco. Je customiserais l’hymne nationale de mon enfance, aucun instrument, une avalanche de voix, une centaine, hommes, femmes, enfants confondus, ce sont elles qui seraient les instruments, rien que d’y penser j’en ai la chair de poule : lève toi patrie courageuse, toi qui en trois journées glorieuses etc, etc..
5/ Présentez-nous une chanteuse congolaise. Qui est-elle ? Faites nous découvrir une chanson qu’elle interprète et que tout le monde connait ? .
La congolaise de la rive droite à laquelle je pense, c’est mamie Claudia aujourd’hui quasiment oubliée je le crains. Et pour cause, impossible de trouver des images publiables ou des vidéos avec un son audible. SIC ! Autrement, le premier nom de la rive gauche du Congo que je n’ai pas encore cité est celui de Tshala Muana. Le morceau que tout le monde connait Nasi na bali (je me suis mariée). Le nombre de couple qui ont ouverts le bal de leur mariage avec cette chanson est énoooorme et çà continue. Les paroles ? En gros c’est une femme qui annonce qu’elle s’est mariée, qu’elle est rangée des voitures, qu’on lui foute la paix et bla et bla et bla. Ce morceau est en lingala. Mais à ma connaissance Tshala Muana chante aussi en Muluba et en Swahili. Pour vous anglophone, j’imagine que vos parents ont connus sa grande époque de star des années 80 où elle a écumé l’Afrique avec son Mutuashi. Je pense avoir fais le tour.
Voilà qui était plutôt amusant. Bravo et merci Mawuli Douglas pour la débordante créativité. J’espère en tirer le meilleur pour la suite.
Et vous chers lecteurs adorés, que vous inspire cette sélection ?
Entrepreneure sociale et solidaire avec @assosolos en qualité de guide en marketing & communication pour solopreneurs & associations. Chez moi, violon d’Ingres et engagements forment un couple parfait notamment dans ce quatuor : Coordinatrice de la contribution digitale à la JIFA @www.journeefemmeafricaine.com, lectrice compulsive avec le comité @Festivalpremierromanchambery, citoyenne engagée avec le conseil de quartier @Democratieparticipativechambery et membre de la communauté web de Savoie @chambéCarnet. Pour m’écrire formulaire de contact ou grace.bailhache@gmail.com