Sans même que j’en ai conscience, une alternance naturelle se met en place au fil de la présentation des membres de la Dream Team. Ainsi à la volcanique Samantha Tracy succède Eli Akue juriste de formation, social manager de profession et blogueur collaborateur togolais de l’édition 2017 de la contribution digitale à la Journée Internationale de la femme africaine. Celui que je surnomme affectueusement “Eli force tranquille” s’est prêté de bonne grâce à un entretien destiné à explorer toutes ces “Elles” qui font partie de son univers.
Avant toute chose merci d’avoir accepté l’invitation de la contribution digitale à la JIFA. A ce propos, connaissiez-vous cette journée avant d’être contacté ? Quel est votre sentiment sur le fait d’avoir une journée dédiée en 2017 sachant qu’en plus il y’a déjà le 8 mars ?
J’ai découvert cette journée l’année dernière lorsque des amis blogueurs (Guillaume Djondo, Benjamin Yobouet) y ont contribué. En tant qu’africain, je considère que l’institution d’une journée de la femme africaine au-delà du 8 mars est un symbole fort. Grace à cet événement, nous sommes appelés à porter un regard plus attentif sur la condition de la femme et les défis qui sont les siens sur le continent.
1/ Merci Eli. A présent entrons dans le vif du sujet. Place aux femmes de votre vie. SouRIRES ! Lorsque vous plongez dans votre enfance, quelles figures féminines vous viennent en mémoire ?
La figure féminine indissociable de mon enfance est celle de ma mère pour son rôle central dans mon éducation. J’ai aussi été marqué par la personnalité d’Angélique Kidjo, une femme dont la voix a bercé mon enfance.
2/ A présent que vous êtes adulte, comment décririez-vous la femme togolaise à un ressortissant d’un autre pays ?
J’avoue qu’il est bien difficile de définir une image généralisée à toutes les femmes togolaises dès lors que chaque être humain est unique. Je ne saurai dresser un portrait parfait. Mais je peux tout de même noter que la femme togolaise malgré quelques freins est une femme combative qui aspire à occuper toute sa place dans une société togolaise en pleine évolution. La force de cette aspiration s’illustre d’ailleurs dans la présence des femmes dans les activités économiques. Les « nana benz », ces femmes ayant fait fortune dans les années 90 à Lomé grâce au commerce du pagne restent dans la conscience collective comme le symbole de l’émancipation de la femme togolaise.
3/ Vous êtes juriste de formation, à votre connaissance les droits des femmes togolaises sont ils respectés: je pense à l’accès à l’éducation, à la propriété en nom propre où à l’héritage par exemple ?
Au Togo la question des droits de la femme reste épineuse malgré quelques efforts sur le plan législatif. Le niveau d’accès des filles à l’éducation a évolué mais il est à améliorer. Si la gratuité de l’école primaire et l’adoption d’un code de l’enfant en 2007 ont contribué à cette évolution, un bon nombre de filles sont toujours lésées. En milieu rural il y a encore des filles contraintes d’abandonner l’école à cause du mariage forcé. L’accès des femmes à la propriété et à l’héritage bien qu’étant garanti par la loi, souffre du poids de certaines coutumes qui font la part belle aux hommes. Bien entendu le tableau n’est pas tout noir. En droit du mariage par exemple les lignes bougent. Depuis la révision du code de la famille, l’homme a perdu le titre de chef de famille. Il assure conjointement avec la femme la direction du ménage.
Peut-on revenir un instant sur certains points. Ainsi le droit coutumier l’emporte infine sur la loi, ou les femmes ne vont même pas revendiquer leurs droits au tribunal comme dans une auto censure ? de quand date la révision du code de la famille ?
La modification date de novembre 2014. Les femmes ont bien la possibilité de saisir la justice. Mais c’est plus compliqué dans les milieux ruraux où beaucoup ignorent leurs droits et sont soumis aux traditions de leur communauté. D’où l’importance d’une sensibilisation qui se fait par certaines ONG
4/ Sortant un instant de la loi pour revenir à la vie personnelle, quelles femmes d’autres pays africains avez-vous déjà fréquenté et qu’est-ce qui vous a marqué chez elles ?
Parmi ces africaines que j’ai été heureux de rencontrer je peux compter la journaliste camerounaise Josiane Kouagheu et l’activiste congolaise Chantal Faida. Cette dernière est engagée dans la défense des droits des femmes dans la ville de Goma longtemps enlisée dans les conflits et exactions. Chacune d’elles dans son domaine se dévoue avec une certaine détermination qui force l’admiration. Ces deux personnalités sont une source inépuisable de motivation qui vous aide à aller de l’avant.
5/ Quelques articles de votre blog font la part belle aux femmes, dites nous en plus sur ce qui vous a inspiré et sur la réaction de vos lecteurs?
J’ai pris un plaisir particulier à rédiger le billet intitulé « Joyce banda, le fair play politique au féminin ». Un billet qui mettait en lumière l’élégance politique dont a fait preuve Joyce Banda alors qu’elle était présidente sortante du Malawi lors du scrutin présidentiel de 2014. Malgré ses réserves elle a eu le courage de reconnaître sa défaite. Fait plutôt rare dans un continent où les élections sont parfois sources de conflits. L’exemple montrait selon moi que les femmes n’avaient rien à envier aux hommes en matière de leadership politique en Afrique. Cet article m’a valu des échos plutôt favorables d’internautes qui ont apprécié ce contre exemple positif de la gouvernance en Afrique.
6/ Quittons l’univers de la toile, pour ouvrir le voile du privé et de la romance. Décrivez- nous la femme africaine de vos rêves ?
La femme africaine que j’idéalise rayonne de son charme naturel sans artifices. C’est la femme pleinement consciente de ce qu’elle vaut, de ses capacités qu’elle exploite à souhait pour relever les défis de sa vie. Celle qui s’accroche à ses ambitions sans prendre prétexte d’un difficile vécu de femme en Afrique pour reculer.
7/ Et si je vous dis musique, voix féminine africaine? Vous me répondez…? avec quelle chanson? Que représente t-elle pour vous?
La voix féminine africaine que j’adule est celle de Bella Bellow, chanteuse togolaise des années 70 qui s’est révélée dans sa prime jeunesse par un timbre vocal hors-pair. L’artiste a connu une brève carrière mais elle demeure immortelle par ses tubes qui traversent le temps et inspirent des générations de chanteurs. Elle est tout simplement pour moi l’incarnation d’un charisme au féminin
Enfin pour conclure, dites moi Eli : quelle question auriez-vous aimé que je vous pose sur les femmes africaines ? Eh bien répondez-y comme si je l’avais posé !
La question à laquelle j’aurais aimé répondre: que penses tu du phénomène de la dépigmentation ou décapage de la peau.
Je répondrais ceci: cette pratique cache mal un complexe des femmes concernées vis à vis de leur peau. Les fameuses crèmes dites éclaircissantes qui sont à l’origine du problème devaient faire l’objet d’une interdiction d’importation comme c’est le cas au Ghana. Les médias contribuent à nourrir le phénomène, alors qu’ils pourraient servir de canal pour sensibiliser et faire comprendre que la beauté n’a pas de couleur de peau.
Un grand merci Eli pour cet instructif dialogue riche en découvertes. Nul doute que nous reparlerons plus longuement de Josiane Kouagheu, Chantal Faida et Bella Bellow dont je n’avais jamais entendu parlé avant vous. Je note avec surprise, que Koffi Konan un autre blogueur collaborateur et vous avez en commun la dernière question. Cela me donne matière à réflexion, et, comme je le disais par ailleurs à la fin de l’autre entretien, attendu que l’information sur les dangers d’utilisation de produits décapants, que le phénomène semble largement urbain, je serais curieuse d’échanger avec des femmes concernées.
Et vous chers lecteurs adorés, que dites vous de tout cela ? Comme à l’accoutumée vos questions, témoignages et autres réactions constructives sont les bienvenus dans les commentaires.
Entrepreneure sociale et solidaire avec @assosolos en qualité de guide en marketing & communication pour solopreneurs & associations. Chez moi, violon d’Ingres et engagements forment un couple parfait notamment dans ce quatuor : Coordinatrice de la contribution digitale à la JIFA @www.journeefemmeafricaine.com, lectrice compulsive avec le comité @Festivalpremierromanchambery, citoyenne engagée avec le conseil de quartier @Democratieparticipativechambery et membre de la communauté web de Savoie @chambéCarnet. Pour m’écrire formulaire de contact ou grace.bailhache@gmail.com